Corruption, maladie difficile à soigner au Cameroun

Article : Corruption, maladie difficile à soigner au Cameroun
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24 mars 2015

Corruption, maladie difficile à soigner au Cameroun

Au fil des décennies, la corruption a fini par gangrener la société camerounaise au point de se retrouver dans tous les aspects de la vie.

 Corruption cameroun

Le Cameroun a trôné pendant de nombreuses années aux meilleures places de Transparency International, oui, on aurait dit que le pays faisait même tout pour rester à ce niveau. Ce n’est qu’en 2006 que la CONAC (Commission Nationale Anti-Corruption) a été créée et mise sur pied afin de lutter « efficacement » contre la corruption au Cameroun.

La corruption est pratiquée chaque jour au Cameroun, dans tous les aspects de la vie, que ce soit dans le service public ou dans les entreprises privées, elle se retrouve partout. Tenez par exemple, pour un agent public ou un fonctionnaire qui souhaiterait voir le dossier de son avancement aboutir rapidement, il peut passer par des voies et moyens qui font intervenir la corruption auprès des agents en charge du traitement de ces dossiers dans l’administration, bien sur des exceptions existent, mais dans la plupart des cas, on vous demandera de payer 10% du montant que vous devez percevoir.

Oui la corruption est présente au Cameroun, je vis ces scènes presque tous les jours lorsque je me rends au boulot. Travaillant à 40 kilomètres de Yaoundé, je m’y rends en empruntant les transports en commun clandestins pourtant reconnu, c’est ironique mais c’est la réalité de mon pays. Pour que les chauffeurs puissent avoir un bénéfice en fin de journée, ils sont obligés de faire de la surcharge dans leur véhicule et la plupart ne possède pas tous les « papiers » nécessaires pour être en règle. Lorsque nous arrivons à des contrôles mixtes police-gendarmerie durant le trajet, les agents en charge dudit contrôle stoppent le véhicule et se mettent derrière le véhicule pour y attendre le chauffeur. Ce dernier descend du véhicule après avoir soigneusement mis dans sa main un billet de banque. Après quelques secondes de négociations, si on peut l’appeler ainsi, le billet est glissé d’une main à l’autre et le véhicule est autorisé à repartir avec ses occupants.

Il peut arriver que certains agents du maintien de l’ordre et de sécurité fassent aussi le contrôle des pièces d’identité des passagers, tout le monde doit présenter sa carte d’identité et ceux qui n’en possèdent pas sont priés de descendre du véhicule. Il y a quelques temps, dans un véhicule où j’étais, deux passagers ont été priés de descendre du véhicule faute d’absence de pièces d’identité. Ils ont été conduits pas très loin de nous, après des négociations bien menées, ils ont été « remis en liberté », l’argent ayant parlé. Tu ignores quoi, ça c’est le Cameroun.

La corruption intervient aussi dans le recrutement des élèves dans les établissements scolaires secondaires publics chaque rentrée scolaire draine des parents auprès des responsables de ces établissements afin d’inscrire leurs progénitures qui dans la plupart des cas ont été exclues de leurs précédents lycées. Même si certains parents n’arrivent pas à inscrire leurs enfants dans un établissement X, ce sera fait dans un établissement Y. Tout ceci contribue aux effectifs pléthoriques que nous observons dans nos salles de classe des grandes villes. C’est le « gombo » des proviseurs et des responsables. On va faire comment ?

L’entrée dans les écoles supérieures de prestige est aussi une occasion de voir se mettre en œuvre des réseaux de corruption, avec à la clé, le recrutement des moins méritants au détriment des majors. L’un des derniers exemples en date, est le scandale de l’IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) où finalement cette année en filière démocratie, on retrouve 22 admis au lieu des 15 admis habituels. Ceci a pour conséquence, à mon humble avis, la formation des personnes qui n’ont pas forcément la vocation ou l’amour du métier pour lequel ils sont formés. Ce problème doit être véritablement combattu.

La corruption peut être combattue efficacement au Cameroun mais le niveau de vie des populations et les mœurs font en sorte que cette maladie difficile à soigner dans mon pays a encore de beaux jours devant elle. J’encourage tout de même les efforts qui sont déjà faits jusqu’ici puisque certains fruits sont visibles depuis quelques années.

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