Les profs (camerounais) aiment-t-il la matière qu’ils enseignent ?

27 septembre 2017

Les profs (camerounais) aiment-t-il la matière qu’ils enseignent ?

Je me suis déjà posé cette question à plusieurs reprises. Pour quelle raison ? Eh bien parce que moi aussi j’aurais pu être prof de géographie, filière dans laquelle j’avais présenté le concours de l’École Normale Supérieure de Yaoundé. Je n’avais (malheureusement ?) pas réussi à ce concours.

 

Je me demande souvent si j’aurais fait un bon prof, un « grand prof », comme disent souvent les élèves. Je ne pense pas. Avec du recul, je me suis rendu compte que le métier d’enseignant est un métier qui doit être fait par vocation. On doit le faire parce qu’on aime ce métier, parce qu’on aime enseigner, parce qu’on aime la matière (ou les matières) qu’on enseigne.

J’avais un prof au lycée, en classe de 3e, il nous donnait cours d’histoire et géographie, Monsieur ZEBAZE Maurice. Je me souviens très bien de son nom complet parce qu’il m’a marqué, je me souviens aussi de ses traits de visage, d’ailleurs je l’ai revu l’année dernière (en 2016). Ce « grand prof » m’a fait aimé la géographie, il expliquait très bien ses cours, il était toujours bien sapé habillé. Il nous avait expliqué une fois pendant un cours qu’en fait, la même année où il avait présenté le concours de l’École Normale, il avait aussi présenté le concours de l’ENAM (Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature). Ayant été admis aux deux concours, il avait choisi d’enseigner, parce qu’il aimait cela depuis son adolescence. Ce genre de prof qui vous donne envie de lire son cours, d’être toujours présent en classe, d’avoir envie de devenir comme lui plus tard, parce qu’il a cette vocation.

Parlons donc de la vocation, où est-elle ? Eh bien, elle est dans nos cœurs. Malheureusement, au Cameroun depuis quelques années voire décennies, on ne fait pas toujours ce qu’on aime ou ce qu’on aurait voulu faire comme métier. Pour le cas de l’enseignement, je dirai que certains profs ne le sont pas aujourd’hui parce qu’ils aiment ce métier. Il suffit de quelques « jongleries » pour qu’on se retrouve à l’École Normale. A la recherche du matricule solde de la fonction publique camerounaise. Le sésame qui donne l’accès à un salaire régulier et suffisant pour (essayer de) s’en sortir dans ce pays où ce n’est pas toujours facile. Matricule oui, mais à quel prix ?

Parlons donc du prix, où est-il ? Eh bien, il est au niveau des élèves. Ces pauvres élèves qui subissent dans les salles de classe la « punition » de recevoir un cours par un prof qui n’aime pas ce métier ou qui ne le fait pas avec passion. Résultat, les élèves sont absents au cours dudit enseignant, bavardent en plein cours et n’apprennent pas les leçons de ce dernier. Tout simplement parce qu’ils n’aiment pas le prof, et qui dit prof dit la matière dispensée par ce prof. C’est ainsi que les élèves ne se retrouvent pas avec un bon niveau et après, lors des examens officiels, les délibérations vont descendre jusqu’à 8,50 voir 8 de moyenne pour l’admission des candidats. Les conséquences se répercutent au fil des années, sur le niveau réel de certains élèves devenus étudiants ou travailleurs. Quelle est la solution ? Parlons-en.

En ce qui concerne l’enseignement, évitons de jouer avec ce domaine. Il est crucial si nous voulons avoir une jeunesse bien formée et digne de relever les différents défis qui attendent cette nation. Donnons à César ce qui appartient à César, et ne laissons plus nos enfants se faire former par des personnes qui n’ont pas cette vocation ou cette envie de devenir « grand prof ». A tous mes amis et connaissances qui sont prof, sachez que je ne vous mélange pas dans cette « sauce » mais nous savons tous très bien de qui on parle.

Sauvons notre enseignement, sauvons notre avenir, sauvons notre pays.

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Commentaires

FATIMATA TOURE
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Effectivement c'est a se demander réellement si certains professeurs travaillent par obligation ou par passion. chouette article.

Ecclésiaste Deudjui
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Tu ignores quoi gars ? Aujourd'hui on devient enseignant par subsistance avant même de découvrir la matière qu'on aura à enseigner...