Portrait d’entrepreneur en Afrique: Entretien avec Goulam NASSER du Niger

Article : Portrait d’entrepreneur en Afrique: Entretien avec Goulam NASSER du Niger
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17 janvier 2018

Portrait d’entrepreneur en Afrique: Entretien avec Goulam NASSER du Niger

Un jeune homme discret mais pourtant très drôle, avec des blagues et des mots qui arrachent le sourire. Goulam NASSER nous vient du Niger, ce jeune leader africain a choisi de nous parler de lui, de son projet et de ses ambitions.

Qui est Goulam Nasser?

Je suis Maman Bachir Abdoul Nasser à l’état civil et Goulam Nasser pour les intimes. Jeune entrepreneur Nigérien et cadre des services judiciaires. Je suis un alumni de la session 7 du CRL YALI DAKAR, au programme de Business and Entrepreneurship.

Qu’as-tu appris de nouveau sur toi grâce à la formation du YALI ?

Je pense que YALI m’a permis de casser « mon petit moi » trop introverti et recroquevillé sur lui-même pour me relier à mes 205 alter-égo issus de 16 nationalités africaines. J’avoue qu’au début les connexions n’étaient pas du tout faciles car on s’est grave chargé. Des fois, on se lançait des tics faciaux qui semblent dire à l’autre « pas s’approcher, ta culture est hostile ». Mais au bout de 5 semaines de thérapie culturelle, marquée par des concessions à certains de nos principes de vie, on s’est confondu au point qu’on avait eu du mal à retenir les larmes pendant la séparation. Et après 5 mois, on vit encore sous la nostalgie. En termes de formation, YALI m’a fait entrevoir des possibilités là où je voyais avant le panneau « Tout est déjà fait ici ». C’est ce qui m’a le plus marqué. Il n’y a pas un champ de vie fermé à l’innovation. Autre chose d’important que je retiens de ce programme, c’est qu’au lieu d’essayer d’être un opportuniste qui est en attente sinon en quête permanente des opportunités créées par les autres. Il faut plutôt être de ceux qui les créent. Et Dieu Seul sait que nous en avons la capacité. Il suffit de faire une introspection dans les tréfonds de notre personne puis d’être sensible et alerte aux signaux de notre milieu. On trouvera sûrement une brique à recaser.

En quoi consiste ton projet ?

Mon projet consiste en la création d’un cabinet juridique relié à une plateforme connectée. Il est spécialisé dans la prise en charge, le prétraitement, le répertoriage et la transmission de requêtes juridiques vers des destinations localisées. C’est en gros une solution à la lenteur et à la manière très classique de gérer les requêtes des usagers des services juridiques.

En tant que jeune leader africain, quel changement voudrais-tu apporter à l’Afrique?

Ce qui est sûr, je ne vais pas offrir à l’Afrique de l’or ou du pétrole. Son sous-sol en bourdonne tellement que ce continent fait de l’incontinence. Mais je peux par contre lui offrir un ‘’Succes Story’’ qui lui donnera envie de croire en elle-même et en ses enfants pour l’aider à prospérer. Comme l’ont gratifié certains de ses braves fils et filles à l’image de Cheick Modibo Diarra de la NASA, de la Prix Nobel Wangari Maathai ou du multimilliardaire Dangote qui inspirent beaucoup d’Africains.

Quelles sont tes ambitions pour le futur?

Mes ambitions sont d’abord nationales. C’est de réussir d’abord les paris dans mon pays pour espérer devenir un modèle qui puisse inspirer d’autres jeunes. Je pense que c’est se tromper de projet le fait d’être porté sur des visées continentales alors qu’on n’a même pas été foutu d’impacter positivement le national. Voilà pourquoi mon apport actuellement est plus orienté vers des actions d’auto-formation pour faire la part belle entre les enjeux nationaux et les continentaux. La prochaine étape sera d’être au cœur des initiatives de changement sur tout le continent et à tous les niveaux, pas seulement dans le domaine de l’entrepreneuriat ou juridique. Vous savez, je ne suis pas dans les délires du genre « je suis formé pour ci ou pour ça et je reste uniquement dans ce cadre ». J’aime me fixer des défis dans des domaines que je ne maîtrise pas forcément au départ. Cela a le mérite au moins de m’épargner le cantonnement dans la monotonie. Il faut je pense être prolifique et non prolixe.

Parle nous du pays de Goulam NASSER, le Niger

Le Niger est présentement le plus vaste pays de l’Afrique de l’Ouest en superficie. C’est l’équivalent de Google sur le Web : pas facile de le louper ! Toutes proportions gardées. Ce n’est pas exagérer de dire que c’est aussi un grand pourvoyeur d’ingrédients du vivre-ensemble et de paix sociale. Je reconnais que, comme certains amis au YALI me l’ont fait remarquer, nous n’avons pas beaucoup de ‘’stars’’ pour faire la promotion de notre pays. Soit ! Mais ne pas être reconnu dans le ‘’Star Système’’ ne veut pas forcément dire qu’on est moins actif ou qu’on accomplit moins d’exploit fabuleux que les autres. La fourmi vit dans l’obscurité du sous-sol mais construit son propre château alors que le lion qui vit sous les rayons du soleil en dominant erre dans la forêt sans gîte. Encore que les stars sont, comme l’a dit l’autre, des symboles qui cachent les réalités profondes de leurs communautés. Bref, tout cela pour dire que le Niger ne se limite pas au ‘’kilichi’’ (steak local très apprécié dans la sous-région), c’est un pays extraordinaire avec des merveilles qu’il ne faut pas réduire à un bout de viande (rires).

Partage avec nous ce que tu voudrais que les lecteurs retiennent de Goulam NASSER

Je dirais qu’il serait plus intéressant de cesser de passer le clair de son temps sur un réseau social pour créer son réseau dans le social. Et quels que soient notre pays ou nos projets, il faudrait qu’on travaille de manière « soft, smart et pro’ » sur l’agenda de notre continent pour donner tort à ceux qui nous pensaient limités. Personnellement je sens qu’on va bientôt voir des jeunes étudiants brésiliens ou suédois en cours de Théâtre mimer sur scène des classiques d’Adama Dahico ou de Jean Miché Kankan en plus sobre ; les balances commerciales de nos pays vont enfin être toujours excédentaires pour accélérer la croissance économique de nos pays ; nos produits locaux seront tellement valorisés qu’ils seront contrefaits par des Européens et Asiatiques ; et nos dirigeants africains seront épargnés de l’humiliation devant la CPI en cessant de se dire : ‘’Il est à moi ce Pays ! ». C’est irréaliste pour le moment, mais je suis un jeune réaliste qui rêve d’un monde idéaliste. Et incha Allah je n’aurais pas tort. L’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain, souvenez-vous en ! Et on va travailler pour incha Allah. Portez-vous bien et soyez bénis dans la Grâce du Tout-Puissant ! Merci à vous et à plus !

 

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Commentaires

Kore
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Bravo leaders, tu es un visionnaire

Nouh
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Le changement est deja la avec ce projet juridique innovant: une première dans un vaste pays où si vous êtes a l'Est vous devez retourner a l'Ouest chercher votre pièce d’état civil.
Du courage Goulam

Le Tchadien
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"L'utopie d'aujourd'hui est la réalité de demain". J'adore ça. J'en fais aussi mien. Merci TDK et merci Nasser pour ces propos très édifiants. Bon vent à toi. Together we can fly.