Ô Cameroun: Le pays du « on va faire comment »
Au Cameroun, pays de Samuel Eto’o, l’on a pris l’habitude de vivre avec les problèmes auxquels on fait face au quotidien.
Après l’augmentation surprise du prix des hydrocarbures, mesure effective depuis le 1er juillet 2014, des réactions se sont fait ressentir dans tout le pays, mais dans la majeure partie de la population, l’on s’est résigné, « on va faire comment », vous diront les uns et les autres. S’en est suivie la hausse du tarif des taxis en zone urbaine, passant de 200 F CFA à 250 F CFA de 05 heures du matin à 21h59. Tranche d’heures où la plupart des camerounais sont en mouvement pour différentes raisons, « on va faire comment, on accepte seulement », vous diront les camerounais.
Lors de son traditionnel discours à la nation le 31 décembre 2013 sur les ondes de la télévision et de la radio nationale, le Chef de l’Etat Paul Biya a critiqué, sans ambage, l’inertie du gouvernement que lui-même a mis en place le 09 décembre 2011. Sachant que d’après le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi, le Cameroun devrait être émergent d’ici à l’horizon 2035. Plusieurs mois se sont écoulés depuis ce fameux discours, la longue attente continue pour un remaniement ministériel. Nous continuons avec le même bateau et les mêmes ministres, « on va faire comment ».
La tenue des Conseils des Ministres, sous la présidence du Chef de l’Etat, peut se compter sur les doigts de la main, tellement ils sont rares. A la place, nous avons droit à un Conseil de Cabinet qui se tient à la Primature, présidé par le Premier Ministre, Chef du gouvernement. « On va faire comment, c’est eux qui savent ce qu’ils font là bas ».
Depuis plusieurs décennies, les populations de classe moyenne et de classe inférieur des grandes villes, à l’instar de Yaoundé, Douala et Garoua, attendent la construction des logements sociaux. Les projets sont en cours depuis quelques années, mais les réalisations visibles et concrètes tardent à venir. Résultat, l’on se bat comme on peut pour trouver un habitat dans ces métropoles et bien d’autres dans le pays, souvent au risque des dangers que sont les inondations et les éboulements, « on va faire comment, c’est le Cameroun, on attend, même si cela tarde à venir et à se matérialiser ».
Un autre problème notoire dans ce pays est l’entrée dans la majorité, voire la totalité des grandes écoles qui donnent accès à un emploi direct dans la fonction publique. La méritocratie a foutu le camp et les jeunes « sans godasses » se battent comme ils peuvent pour entrer dans ces écoles. Résultat des courses, ce n’est plus par vocation que certaines personnes exercent des fonctions sensibles comme médecin, policier ou enseignant. « On va faire comment, c’est une affaire de réseau et de gros sous ».
Avant de vivre une légère amélioration de la fourniture en eau de la capitale politique, les populations de Yaoundé ont vécu pendant de très longs mois des coupures intempestives d’eau, sans que cela ne suscite ni grogne sociale, ni mouvement d’humeur. Ne dit-on pas que l’eau c’est la vie? Si tel est le cas, pourquoi doit-on souffrir pour avoir ce précieux liquide, qui lorsqu’il est disponible, n’est pas toujours de très bonne qualité. L’évolution des villes n’a pas été suivie par le développement des infrastructures et de l’accès à une eau potable pour tous. « On va faire comment, on attend que les choses s’améliorent ».
En attendant donc de faire quelque chose, les camerounais, dans leur très grande majorité, continuent de vivre (ou de survivre) en se disant « on va faire comment, c’est le Cameroun, mon pays ».
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