Police : le concours fait courir des dizaines de milliers de jeunes Camerounais

Ils sont plus de 70 000 candidats à concourir pour les 4 700 places disponibles.

Dans mon pays, ce n’est pas facile pour un jeune d’accéder à un emploi pouvant lui permettre d’avoir un niveau de vie acceptable. Le chômage des jeunes est un véritable problème. Ne venez pas me dire que les petits métiers comme vendeurs à la sauvette, moto-taximan ou encore call-boxers (« cabines » téléphoniques pour mobile) sont des emplois pour une jeunesse camerounaise qui aime faire des études. Nous avons souvent coutume de dire au Cameroun que l’école commence après le baccalauréat.

Le lancement du concours de la police le 8 décembre 2014, ressemble donc à une opportunité d’emploi grandiose pour cette jeunesse en quête de matricule solde dans la fonction publique. Surtout dans ce corps de la police qui offre aussi d’autres avantages avec un salaire plus qu’acceptable.

Seulement, le nombre de candidats est très largement supérieur au nombre de places disponibles. Chacun a sa chance et il faut savoir la saisir.

Les raisons pour lesquelles tous ces  jeunes se bousculent au portillon de la police sont nombreuses, on y retrouve des titulaires de master ou de licence qui depuis plusieurs années pour certains n’ont trouvé aucun emploi stable et bien rémunéré. J’ai rencontré deux jeunes qui m’ont dit pourquoi ils voulaient tenter leur chance malgré la grande affluence observée pour ce recrutement.

Crépin Nyama, 27 ans, titulaire d’une licence en droit : « Cela fait 4 ans que j’ai obtenu ma licence en droit à l’Université de Yaoundé II – Soa, et depuis ce temps, je n’ai pas trouvé de travail. J’ai deux filles que je dois nourrir ainsi que leur maman. J’exerce des petits boulots et cela me permet jusqu’ici de m’en sortir, mais pour combien de temps? J’ai postulé pour le concours des commissaires de police en espérant que le ciel me permettra de réussir. Le nombre de candidats ne me fait pas peur, au contraire, cela m’encourage à me préparer encore plus, car la compétition sera très dure. »

Christian Mbezelle, jeune Camerounais d’une vingtaine d’années : « Je suis chargeur dans une gare routière de la ville de Yaoundé et je sais que ce n’est pas un métier pour moi, je le fais juste pour ne pas rester à la maison et aussi pour avoir de quoi vivre. Ce concours de la police représente pour moi une grande chance de trouver un emploi sûr. Je ferai le concours des élèves gardiens de la paix, niveau CEP, ce ne sera pas facile, mais je compte mettre les chances de mon côté, on verra ce que cela va donner à la fin. »

Ce concours de la police est une véritable révolution puisque toute personne désireuse de faire acte de candidature doit au préalable s’inscrire sur le site internet de la Délégation générale à la sûreté nationale (DGSN). Les candidats dont les inscriptions sont validées déposent leur dossier complet suivant un ordre de passage qui leur est communiqué par téléphone portable.

Comme il fallait s’y attendre, le délai de dépôt des dossiers a été repoussé de deux semaines, à cause de la saturation du site Internet de la DGSN, ainsi donc les candidats ont jusqu’au 21 février 2015 pour déposer leur dossier.

Le délégué général à la sûreté nationale a tenu à rappeler que ce concours de la police ne verra que les meilleurs réussir à l’issue des différentes étapes portant respectivement sur les épreuves écrites, les visites médicales d’incorporation, les épreuves physiques, l’épreuve orale et l’enquête de moralité. Aucune place ne sera obtenue par la corruption et la triche.

Bonne chance donc à tous ces jeunes Camerounais qui aspirent à être de futurs policiers en espérant que le mérite sera vraiment respecté pour cette session. Un autre recrutement dans la police sera encore lancé cette année 2015, les candidats malheureux auront donc une seconde chance de saisir cette opportunité.