Cameroun : un mois de lutte contre le sida

Article : Cameroun : un mois de lutte contre le sida
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9 décembre 2020

Cameroun : un mois de lutte contre le sida

Pour marquer la lutte contre le VIH, le 1er décembre, le Cameroun se joint à la communauté internationale pour commémorer la Journée internationale de lutte contre cette maladie. Pour l’Association camerounaise pour le marketing social (ACMS), ce mois de décembre 2020 représente le mois camerounais de lutte contre le Sida. L’ACMS pour moi c’est d’abord le magazine 100% Jeune que j’ai connu à ses débuts il y a vingt ans. J’étais alors un jeune lycéen. Cette année particulièrement, je me suis intéressé aux activités du mois camerounais de l’ACMS pour en apprendre davantage sur leurs actions. C’est ainsi que j’ai pu rencontrer et échanger avec trois personnes de l’association. On a pu parler, notamment, du projet de prévention du sida en Afrique centrale (PPSAC), projet phare de l’ACMS pour le mois camerounais.

C’est quoi, le PPSAC ?

Pour répondre à cette question, je me suis rapproché de Mme Diallo Mariam Fofana, assistante technique du PPSAC. Elle m’a informée sur le PPSAC et l’ACMS.

Diallo Mariam Fofana
Mme Diallo Mariam Fofana

Le PPSAC est un fruit de la collaboration entre l’Allemagne et la CEMAC. C’est un projet qui a plus de 10 ans et qui est à sa 5e phase. Au Cameroun, il est mis en œuvre par l’Agence camerounaise pour le marketing social (ACMS). Sa cible principale sont les jeunes de 15 à 24 ans et son cœur de cible, les jeunes filles de 19 ans. Ces cibles ont été établies à la suite d’études au Cameroun qui ont montré que les nouvelles infections au VIH SIDA touchent la jeunesse de 15-24 ans. Après des segmentations, on se rend compte que parmi ces jeunes, celles qui sont les plus touchées sont les jeunes filles de 19 ans. En grande partie celles de milieu rural, qui malheureusement, n’ont pas le niveau de connaissances qu’il faut pour se protéger contre le sida.

L’ACMS s’inscrit dans les priorités nationales au Cameroun et est en étroite collaboration avec le Centre national de lutte contre le sida (CNLS) du Ministère de la Santé publique.

La grande particularité du PPSAC cette année pour le mois camerounais de lutte contre le VIH/sida, avec la situation liée au Covid-19, est l’intensification de l’utilisation des médias sociaux dans la communication.

La communication du mois camerounais

J’ai eu le plaisir d’échanger avec Erica MENGUE, rédactrice en chef du magazine 100 % Jeune.

Erica Mengue
Erica Mengue

Pour elle, étant donné que les jeunes sont de plus en plus présents sur les réseaux sociaux, il était question pour 100 % Jeune de les accompagner sur ces plateformes. Des campagnes de sensibilisation et de prévention du VIH ont été faites sur Facebook, Twitter et Instagram, en direction des jeunes de 15 à 24 ans de tout le Cameroun. Les pages des réseaux sociaux ont été habillées avec les visuels de la campagne.

Il y a eu des débats et l’organisation de quizz en ligne sur la page Facebook de Prudence Plus. Les jeunes ont pu échanger directement avec l’équipe via Messenger. En plus de tout cela, un webinaire bilingue a été organisé avec la participation des experts du CNLS, pour échanger avec les différents internautes. Des Facebook live spéciaux « Mois camerounais contre le sida » ont aussi été organisés, avec la présence des pairs éducateurs.

Il a fallu s’adapter à la pandémie du coronavirus pour communiquer efficacement via les médias sociaux et le digital, surtout en zones urbaines.

A côté de cela, la mobilisation sociale sur le terrain a également été effectuée.

Mobilisation sur le terrain

La chargée de la mobilisation sociale du PPSAC, Marie Gaëlle NGO NYEMECK, m’a parlé de ces activités menées sur le terrain.

Marie Gaelle Ngo Nyemeck
Marie Gaelle Ngo Nyemeck

Pendant le mois camerounais, les actions ont été axées sur l’accompagnement des clubs Réglo. Ils ont été sollicités dans les établissements scolaires pour sensibiliser sur la thématique du VIH sida. Cela s’est fait en deux axes : montrer comment on négocie l’accès à un établissement scolaire pour la sensibilisation et comment s’adresser à une grande communauté.

Au niveau de 100 % Jeune, il existe 20 clubs labelisés avec 20 pairs éducateurs formés, 10 à Yaoundé et 10 à Douala. Ces jeunes se rapprochent de la cible pour passer le message en milieu scolaire et extrascolaire.

L’équipe des pairs éducateurs travaillent également dans les université de Yaoundé 1 et Yaoundé 2, où des campagnes de sensibilisation sont souvent organisées. Pour être pair éducateur, il faut avoir entre 15 et 24 ans, être membre d’une association extrascolaire et membre d’un club scolaire, généralement le club santé.

Revenons aux campagnes de sensibilisation. Dans la ville de Yaoundé avec les clubs Réglo, elles se sont faites au Collège Dolta, au Lycée Bilingue de Ngousso-Ngoulemakong et au Collège Laïc Pythagore.

mois camerounais
Un pair éducateur s’adressant aux élèves
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Des élèves en pleine sensibilisation

Il était notamment question d’attirer l’attention de la cible (les élèves) sur le magazine 100 % Jeune. Ainsi, environ 500 magazines ont été distribués dans ces établissements scolaires.

L’activité marquante

La plus grande activité au niveau de la mobilisation sociale qui a duré quatre jours était le déploiement de l’équipe dans la localité de Lolodorf, pour sensibiliser les jeunes filles en milieu rural.

mois camerounais
La photo de famille lors des activités de Lolodorf

Là-bas, le projet RSAD (Renforcement des capacités, de sensibilisation, d’autonomisation et de dépistage en direction des jeunes filles rurales) a démarré en mars 2020 et a permis de sensibiliser 40 jeunes filles sur « Comment être autonome ?« . Une experte dans la transformation du manioc en farine ou en couscous a pu les former. Puis, elles se sont exercées à fabriquer des gâteaux à base de la farine de manioc.

mois camerounais Lolodorf
Une apprenante lors de l’atelier pratique

Le renforcement des capacités a aussi porté sur le VIH/sida. Il faut savoir que le taux de prévalence dans cette zone est très élevé. Il est de 10 % en milieu jeune (10-24 ans). Ce sont également des jeunes qui tombent précocement enceinte. Sur les 40 jeunes filles, il y avait pratiquement 10 jeunes filles enceintes ou déjà mères. Donc, il fallait leur montrer comment se préserver des grossesses précoces, des IST, VIH/sida, comment prendre soin de sa toilette intime. Des experts du District de Santé de la localité étaient présents pour les accompagner dans ce sens.

Les trois premiers jours, les activités concernaient les 40 jeunes filles et le quatrième jour, le dépistage du VIH/sida était ouvert à tout le monde. 1440 préservatifs ont été distribués et 101 personnes ont été dépistées à Lolodorf. A l’issue de cette activité, très appréciée par les jeunes, il a été constaté qu’ils n’avaient pas véritablement les bonnes informations sur le VIH/sida. Le travail continue dans ce sens.

Mon mot de la fin

Ces différents échanges ont été édifiants et m’ont véritablement permis de me rendre compte que le combat contre cette maladie se fait sans relâche. Les équipes de l’ACMS font un gros travail. J’étais ravi d’apprendre que le magazine 100 % jeune avec lequel j’ai grandi au lycée existe toujours. Il est possible de se le procurer à 200 FCFA. Quelques numéros m’ont été offert, l’occasion pour moi de jouer aussi le rôle de pair éducateur, même si j’ai dépassé l’âge. La communication sur le sida reste importante. Elle permet aux jeunes de 15-24 ans, surtout ceux des zones rurales, d’éviter cette maladie. Cela passe par la conjugaison de tous nos efforts.

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